«On était en plein désert, complètement abandonnés... C'est lamentable !» : ce pensionné de 68 ans, bloqué pendant quatorze heures sur l'autoroute E 40, à moins d'une quarantaine de kilomètres de la capitale, n'a pas de mots assez durs pour dénoncer «la carence des services publics» dans cette incroyable paralysie. «Je suis d'autant plus choqué que j'étais moi-même fonctionnaire», n'hésite-t-il pas à dire, encore outré par ce qu'il a vécu.

Parti samedi matin d'Ostende, il s'est retrouvé comme des centaines d'autres personnes, coincé peu après Gand. Il était 14h. «Le temps était exécrable, les chutes de neige empêchaient toute visibilité», se rappelle ce retraité.

Il ignore encore que l'embouteillage monstre durera jusqu'à 3 heures du matin, dimanche. Pendant ce laps de temps, personne ne viendra informer ou secourir les malheureux automobilistes. Dans cet entonnoir, il y a pourtant des nourrissons et des personnes âgées, note-t-il.

Dès 17 heures, à plusieurs reprises, il alerte les gendarmes, les pompiers qui n'avaient – semble-t-il – reçu aucun ordre. «Tout le monde se rejetait la responsabilité», poursuit-il. Écouter la radio n'était pas non plus d'un grand secours. «À 19 heures, ils donnaient des conseils de prudence, annonçaient un début de paralysie alors que tout était bloqué depuis plusieurs heures !».

Pour lui, ces bulletins rassurants n'étaient rien d'autre que «de la désinformation pour couvrir la défaillance des services publics». L'embouteillage se prolongeant, par manque d'essence, certains automobilistes avec de jeunes enfants ont été contraints de couper le chauffage et de patienter «toujours avec un calme incroyable» dans le froid glacial. Vers 2 h 30 du matin, une file de voitures a commencé à se débloquer et la circulation a pu reprendre sans que personne ne vienne, là encore, informer qui que ce soit.

Selon ce fonctionnaire en retraite, aucune action n'a été entreprise avant une heure du matin, soit 10 heures après le début de la paralysie. «Il aurait fallu mettre en place une cellule de crise, déclencher le plan d'urgence, bref prendre des mesures d'envergure», analyse-t-il. «Il y a eu une irresponsabilité à tous les niveaux.»